L’amblyopie est un défaut visuel caractérisé par un œil dont la vision est faible et ne peut pas être améliorée. C’est « l’œil paresseux » ou « fainéant« . Cette maladie complexe est liée au développement insuffisant des aires cérébrales chargées d’interpréter l’information visuelle transmise par l’œil au cerveau par le nerf optique. L’amblyopie peut être causée par diverses pathologies ophtalmologiques de la petite enfance conduisant à une stimulation insuffisante des aires visuelles. Elle se traite par le port d’une correction optique adaptée et une occlusion de l’œil sain avant l’âge de 6 ans. Au-delà, elle est généralement irréversible.

L’amblyopie en vidéo

L’amblyopie en bref

  • Définition : acuité d’un œil faible non améliorable
  • Mécanisme : développement insuffisant des aires visuelles cérébrales dans l’enfance
  • Causes : myopie, hypermétropie, astigmatisme, strabisme, autre pathologie visuelle
  • Âge de survenue : avant 6 ans
  • Facteurs de risques : hérédité, strabisme familial, hypermétropie familiale
  • Diagnostic : dépistage visuel, écoute des plaintes de l’enfant
  • Examen ophtalmologique : cycloplégie, fond d’œil
  • Traitement : correction optique, occlusion oculaire
  • Pronostic : réversible jusqu’à 6 ans, irréversible après.
  • Fréquence : 2 à 4% de la population adulte

L’amblyopie, c’est quoi ?

L’amblyopie, c’est une maladie qui survient dans la petite enfance.

  • Elle se manifeste par un œil présentant une vision anormalement faible.
  • Elle est liée à un trouble ophtalmologique (plusieurs pathologies ophtalmologiques peuvent en être à l’origine), qui ne permet pas une stimulation correcte des aires visuelles du cerveau dont la croissance ne se fait pas correctement.
  • Si l’amblyopie n’est pas traitée et rééduqué avant 6 ans, la correction du trouble visuel ne suffira pas à rétablir une vision correcte, car le cerveau, chargé d’interpréter les images, ne se développe plus après cet âge.
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Rééducation de l’amblyopie

Causes de l’amblyopie

L’amblyopie correspond à un développement insuffisant des aires cérébrales visuelles, privées d’information visuelle correcte au moment de la croissance (avant 6 ans). Cette privation visuelle peut avoir deux origines principales.

  • Privation visuelle pure – L’amblyopie est secondaire à une pathologie qui diminue par obstruction la quantité d’information transmise par l’œil au cerveau (cataracte congénitale), ou bloque l’image (ptosis : paupière tombante qui masque la vision).
  • Trouble de la réfraction – Plus fréquent, ces causes ne sont pas liées à une maladie de l’œil mais à un trouble de la réfraction (myopie, hypermétropie, astigmatisme). Si les deux yeux présente une réfraction différente, un œil sera privilégié au second.

Strabisme et réflexe « accommodation-convergence »

Dans les cas les plus fréquents, le strabisme est lié à une hypermétropie importante. Ce défaut de vision s’accompagne d’une accommodation (mise au point) importante pour obtenir une image nette. Or, l’accommodation s’associe de façon réflexe à la convergence ce qui conduit ces enfants à « loucher ». Pour éviter la vision double d’un défaut d’alignement oculaire, le cerveau privilégie le développement de l’un des deux coté au détriment du second, source de l’amblyopie.

Examen de l’amblyopie et cycloplégie

Un examen de l’enfant sous « cycloplégie » est indispensable devant toute suspicion d’amblyopie. Cet examen permettra :

  • La mesure précise d’un éventuel défaut de vision
  • La recherche au fond d’œil d’une éventuelle maladie de l’œil responsable de la privation visuelle

Cycloplégie et collyre

L’examen cycloplégique consiste à provoquer une paralysie transitoire de la mise au point pour obtenir une mesure exacte de la vision. Il s’associe à une dilation des pupilles qui permet la réalisation du fond l’œil. L’effet cycloplégique peut être obtenu par deux collyres différents, qui rendent la vision trouble et favorisent l’éblouissement :

  • Atropine – Instillation des gouttes 2 fois par jour, pendant 3 à 5 jours avant l’examen.
  • Skiacol – Instillation de 3 gouttes 45 à 60 minutes avant l’examen.

Traitement de l’amblyopie

Une fois le diagnostic et le bilan complet de l’amblyopie effectués, une éventuelle maladie prise en charge, le traitement reposera sur deux piliers :

  • La correction du trouble visuel par une correction optique qui doit être totale. Son caractère total la rend parfois inconfortable, mais il s’agit de lunettes « médicaments » et non de lunettes de confort. La correction doit être portée du matin au soir sans interruption et tous les jours.
  • La rééducation par occlusion . Si la correction optique ne suffit pas à faire remonter l’acuité visuelle, l’ophtalmologue prescrira une occlusion du « bon œil » pour inciter le cerveau à ce développer du coté malade. Cette étape de traitement est souvent longue (un an) mais elle est incontournable. Elle s’effectue en deux étapes :
    • Traitement d’attaque – l’occlusion de l’œil normal est permanente les premières semaines.
    • Traitement d’entretien – si l’acuité visuelle est rétablie chez l’œil paresseux, on réduit progressivement la durée d’occlusion.
lunettes de l'enfant
Un traitement joyeux contribue au succès thérapeutique

Privilégier une approche ludique

Le port des lunettes et du cache sont parfois contraignants pour les enfants, d’autant plus qu’ils s’appliquent sur l’œil valide. Une approche ludique rend souvent ce travail de longue haleine moins difficile et peut sauver la vue de votre enfant pour la vie.

Risques du traitement

Ils sont rares, mais le traitement de l’amblyopie doit être effectué avec sérieux et sous contrôle médical strict pour éviter leur apparition, et la prendre en charge rapidement si elle survient :

  • La bascule : Il arrive que le « bon œil » devienne « le mauvais œil » au cours de la rééducation. Ce phénomène n’est pas grave, toujours réversible et témoigne de la capacité de l’œil à bien développer sa vision. Dans ce cas, le patch sera changé de côté ou une occlusion alternée sera mise en place.
  • Strabisme : Beaucoup plus rare, il arrive qu’un strabisme apparaisse lors de l’occlusion. Il s’agit d’une situation bien précise où la vision binoculaire était déjà anormale. Il ne faudra cependant pas arrêter la rééducation visuelle, la correction de l’alignement des yeux sera prise en charge dans un second temps si le préjudice esthétique persiste.

Un traitement assidu sous contrôle médical

La santé des yeux de votre enfant dépend pour la vie de cette période de quelques années durant laquelle tout se joue. Il convient de ne négliger ni le traitement, ni le suivi, qui tiennent chacun un rôle crucial dans le développement visuel de votre enfant.

Questions Fréquentes

Le traitement de l’amblyopie se fait en 4 étapes : soigner l’éventuelle pathologie sous-jacente, faire un examen visuel sous cycloplégie, porter les lunettes en permanence, cacher l’œil normal pour rééduquer l’œil paresseux.

L’œil normal doit être totalement caché (occlusion oculaire) pendant plusieurs semaines. Puis l’occlusion est progressivement diminuée lors de la phase d’entretien.

Il existe de nombreuses causes à l’œil paresseux, mais les grandes catégories sont : la privation visuelle (généralement pathologie de l’œil sous-jacente), les troubles de la réfraction et le strabisme.

Le cache-oeil sert à rééduquer l’œil paresseux, qui voit moins bien et doit être plus sollicité.

Le cache-oeil, souvent avec motifs de pirate, sert à rééduquer une amblyopie, aussi appelée « œil paresseux ».

Dr Margot Denier

Auteur

Dr Margot Denier

Le Dr Margot Denier est ophtalmologue, formée à Paris et spécialiste de l'ophtalmologie pédiatrique. Elle pratique la chirurgie de la cataracte, du strabisme et les interventions de chirurgie ophtalmologique pédiatrique spécialisées (glaucome et cataracte congénitaux en particulier)
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