L’astigmatisme est une anomalie de la vue fréquente caractérisée par une déformation de l’image de près et de loin. La vision est imprécise, floue, conduisant à confondre les lettres proches comme le M et le H ou le N et le M. L’œil astigmate est ovale comme un ballon de rugby, plutôt que sphérique. L’astigmatisme est en général présent dès la naissance et son évolution doit faire rechercher un kératocône. Assez bien toléré, seuls 30% des astigmates portent une correction (lunettes ou lentilles « toriques »). Les opérations au laser sont également possibles comme en cas de myopie, d’hypermétropie ou de presbytie.

L’astigmatisme en vidéo

L’astigmatisme en bref

  • Évolution : débute dans l’enfance et se stabilise assez tôt
  • Fréquence : 75% de la population, dont 30% porte une correction
  • Facteurs de risque : hérédité, frottements oculaires, allergies
  • Cause : œil asphérique, image « ovalisée »
  • Mesure : en dioptries négatives et selon un axe (-1,0 à 180°)
  • Symptômes principaux : vision flou et fatigue visuelle de loin comme de près
  • Associations possibles : myopie, hypermétropie, presbytie
  • Complications possibles : amblyopie, kératocône
  • Correction optique : verres correcteurs ou lentilles toriques
  • Traitement chirurgical : laser PKR, t-PKR, LASIK, RELEX / SMILE ou implants ICL / IPCL

Mécanismes, pourquoi est-on astigmate ?

L’astigmatisme est lié à un défaut de convergence de l’image au niveau de la rétine. L’œil étant ovale (asphérique), les rayons lumineux ne subissent pas le même trajet selon le point de la cornée qu’ils traversent. Pour les uns, traversant la cornée sur sa partie la plus cambrée, ils convergeront trop et l’image se formera en avant de la rétine. Pour les autres traversant la cornée sur sa partie la moins cambrée, ils ne convergeront pas suffisamment et l’image se formera en arrière de la rétine, si bien qu’il est impossible pour l’œil de faire correctement le point.

Astigmatisme
Œil astigmate,
L’image ne se forme par en un point unique

Trajet de la lumière dans un œil

Le trajet de la lumière à travers un œil permettant la vision de l’image observée, se résume ainsi : les rayons lumineux en provenance de l’objet regardé pénètrent l’œil par la cornée (structure transparente sur laquelle se posent les lentilles de contact). Ils passent ensuite la pupille, le cristallin et convergent sur la rétine où s’imprime l’image, conduite aux aires cérébrales chargées de les interpréter par l’intermédiaire du nerf optique.

Anantomie oeil normal emmétrope
Œil normal

Le fonctionnement d’un œil peut être assimilé à celui de la chambre noire d’un appareil photographique :

  • La cornée, première lentille traversée par la lumière, peut être comparée à la première lentille de l’appareil photographique.
  • Le cristallin, permettant la mise au point (focus), peut être comparé à l’objectif de l’appareil photographique.
  • La pupille, permettant d’ajuster la quantité de lumière transmise à l’œil, peut être comparée au diaphragme de l’appareil photographique.
  • La cavité vitréenne, traversée par la lumière, peut être comparée à la chambre noire de l’appareil photographique
  • La rétine, sur laquelle s’imprime l’image, peut être comparée à la pellicule de l’appareil photographique.

Fonctionnement d’un œil normal – dit « emmétrope »

Dans un œil qui n’est ni myope, ni hypermétrope, ni astigmate, ni presbyte la lumière converge très exactement sur la rétine en un point d’une taille d’un millimètre environ, nommé macula. En toute situation, le cristallin assure la mise au point en faisant varier la convergence des rayons qui se projettent toujours parfaitement sur la macula, ce qui assure une image nette. Cet œil est dit emmétrope, par opposition aux yeux présentant un trouble réfractif (selon les lois de la réfraction de Snell-Descartes), dits amétropes. La cornée d’un œil emmétrope est parfaitement sphérique.

Cornée sans astigmatisme explications
Cornée sphérique : absence d’astigmatisme

Astigmatisme cornéen : toricité de l’œil

Astigmatisme
Œil astigmate,
L’image ne se forme par en un point unique

Un œil astigmate est un œil ovalisé. Cela n’est pas visible extérieurement, mais le trouble est suffisamment marqué pour modifier sensiblement le trajet de la lumière dans l’œil et provoquer une gêne. Pour se représenter la cornée d’un œil astigmate, il faut imaginer une coupole ou un dôme (une lentille de contact par exemple), étirée en deux points opposés. L’axe par lequel s’effectue la traction sera aplati, tandis que l’axe opposé sera excessivement cambré (particularité géométrique nommée toricité). La lumière, selon qu’elle empreinte l’un ou l’autre des « méridiens », subira donc une convergence différente. Excessivement convergent pour les rayons passant par la partie la plus cambrée avec formation d’une image en avant de la rétine. Insuffisamment convergent pour les rayons passant par la partie la moins cambrée, avec formation d’une image en arrière de la rétine. Ces deux méridiens sont toujours perpendiculaires et définissent les axes de l’astigmatisme.

Les différents types d’astigmatisme

Astigmatisme direct, indirect et oblique

L’astigmatisme prend trois formes selon l’axe de son méridien le plus cambré

  • Astigmatisme direct (également dit conforme)
    Il est le plus fréquent des astigmatismes. L’axe le plus cambré est vertical, le moins cambré horizontal. Cet astigmatisme est mieux toléré que les autres.
astigmatisme direct explications
Astigmatisme direct
Cornée « étirée » horizontalement

Topographie astigmatisme direct
Astigmatisme direct en topographie
Indique la courbure la plus forte

  • Astigmatisme indirect (également dit non conforme)
    Il est moins fréquent que l’astigmatisme direct, et moins bien toléré. Dans ce cas, l’axe le plus cambré est horizontal, le moins cambré vertical.
astigmatisme indirect explications
Astigmatisme indirect
Cornée « étirée »
verticalement

Topographie astigmatisme direct
Astigmatisme indirect en topographie
Indique la courbure la plus forte
  • Astigmatisme oblique
    On parle d’astigmatisme oblique lorsque les axes ne sont ni verticaux, ni horizontaux.
astigmatisme oblique explications
Astigmatisme oblique
Cornée « étirée » obliquement

Topographie astigmatisme oblique
Astigmatisme oblique en topographie
Indique la courbure la plus forte

Notion d’astigmatisme irrégulier

L’astigmatisme est dit régulier lorsqu’il obéit à la règle permettant de le modéliser selon un axe cambré et un axe moins cambré. Certaines cornées sont parfaitement irrégulières du fait de maladies comme le kératocône qui les déforment en profondeur. L’astigmatisme est alors dit irrégulier, et seules des lentilles de contact rigides ou une greffe de cornée permet de les corriger. Il s’agit d’une minorité des astigmatismes.

astigmatisme irrégulier explications
Astigmatisme irrégulier :
Modélisation difficile
Astigmatisme irrégulier :
Modélisation difficile

La notion d’astigmatisme interne

Il est intéressant de noter que l’astigmatisme cornéen n’est pas le seul possible. Une cataracte et parfois même des anomalies de la rétine peuvent induire un astigmatisme, dit « interne ». Cette éventualité est assez rare.

Mesure en dioptries et acuité visuelle

L’astigmatisme s’exprime selon deux paramètres :

  • Son importance, qui se mesure en dioptries négatives. Elle représente l’importance de l’écart de convergence entre l’axe le plus cambré et le moins cambré et se nomme « magnitude ».
  • Son axe, qui se mesure en degrés. Il donne la valeur de l’axe le moins cambré (et par déduction le plus cambré, qui est toujours perpendiculaire au premier).
Ordonnance de correction lunettes et lentilles - Formule
Lire une ordonnance d’astigmatisme

Formule d’un astigmatisme

La formule d’une correction astigmate se note ainsi : (-0,5 à 180°), ce qu’il faut comprendre comme une différence de cambrure responsable d’un écart de convergence de 0,5 dioptrie entre l’axe à 180° et celui à 90°, l’axe à 180 étant le moins cambré.

Notion de méridien

La mesure en dioptries d’un système optique exprime sa capacité à faire converger (+) ou diverger (-) la lumière. Dans le cas d’un œil astigmate, un deuxième élément doit être détaillé : celui de méridien. L’œil astigmate asphérique présente en effet deux axes orthogonaux : l’un est le plus cambré, l’autre le moins cambré. L’axe le plus cambré présente une puissance de convergence accrue par rapport à l’axe le moins cambré si bien que la projection d’une image se fera, pour la lumière passant par les points de cornée les plus cambrés, en avant de ceux ayant traversé la cornée moins cambrée. Cela explique pourquoi l’image n’est jamais nette. La correction à apporter est donc un système optique plus ou moins convergent selon le méridien. Sa force (magnitude) s’évaluera en dioptries négatives (par exemple : -1,25 dioptries) et son axe en degré.

frequence-astigmatisme-population
Fréquence et répartition de l’astigmatisme selon sa puissance *

Notion d’acuité visuelle

L’expression d’une correction en dioptries, ne doit pas être confondue avec la mesure de l’acuité visuelle, qui s’exprime en 10èmes et évalue une notion bien différente : celle de la capacité d’un œil à discerner de petits caractères. L’acuité visuelle désigne ainsi le pouvoir séparateur de l’œil entre deux points et se mesure en consultation par la taille des lettres que le patient parvint à distinguer (sur l’échelle de Monnoyer). Contrairement à la correction, l’acuité visuelle ne figure le plus souvent pas sur l’ordonnance de votre ophtalmologiste car elle n’est pas utile à la confection des verres correcteurs.

Acuité visuelle non corrigée et astigmatisme

Certains astigmates compensent assez bien leur trouble qui n’est pas toujours responsable d’une baisse de vision. Cependant, au-delà d’une certaine importance, l’acuité visuelle sans correction est abaissée en vision de près et de loin. Une correction est donc nécessaire pour l’améliorer.

Acuité visuelle corrigée et astigmatisme

Le port d’une correction optique permet en principe à l’acuité visuelle d’un patient astigmate de remonter à 10/10ème, le préjudice de l’astigmatisme étant ainsi entièrement corrigé par le port d’une correction optique adaptée. Si malgré une correction adaptée l’acuité visuelle reste inférieure à 10/10èmes, c’est qu’une autre cause doit être recherchée comme un décollement de la rétine, une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), un glaucome… Dans le cas de l’astigmatisme, il faut se méfier des astigmatismes irréguliers causés par des maladies oculaires comme le kératocône.

Une acuité peut-elle être supérieure à 10/10 chez un patient astigmate ?

Par convention, 10/10ème correspond à la capacité d’un œil à distinguer deux points distants d’une minute d’angle. Une minute d’angle correspondant à 1/60ème de degré, ce « pixel » minimal discernable par l’œil équivaut environ à 2cm à 100 mètres. Cette définition explique que certains patients ayant des capacités supérieures à la moyenne voient mieux que 10/10, y compris chez les astigmates.

Facteurs de risques de l’astigmatisme

Le principal facteur de risque d’astigmatisme est l’hérédité.

Hérédité et astigmatisme

L’astigmatisme n’est pas à proprement parler une maladie génétique, mais l’hérédité (présenter un parent astigmate), augmente le risque de présenter un astigmatisme à son tour.

Frottement des yeux et allergies

Les astigmatismes irréguliers comme le kératocône sont favorisés par le frottement des yeux énergique. C’est pourquoi la survenue d’un kératocône est statistiquement plus fréquente en cas d’allergies oculaires.

Symptômes et manifestations de l’astigmatisme

L’astigmatisme peut se manifester de différentes façons. Chez les astigmates de faible degré, il s’agit essentiellement d’inconfort visuel : une fatigue visuelle, et la confusion de lettres par exemple. Des maux de tête (céphalées) peuvent également s’y associer. En cas d’astigmatisme plus marqué, l’acuité visuelle de loin et de près baisse sensiblement. Il convient par ailleurs de faire la distinction entre un astigmatisme isolé et un astigmatisme myopique ou hypermétropique.

Vue d’un œil astigmate

Astigmatisme isolé faible bien toléré

En cas d’astigmatisme isolé, l’œil est de taille normale. En dehors de l’astigmatisme, il ne présente pas d’anomalie : ni myopie, ni hypermétropie. Les patients présentant ce type d’astigmatisme, s’il n’est pas trop important, peuvent ne présenter aucun symptôme. On parle d’astigmatisme compensé. Il ne nécessite aucune correction.

Astigmatisme isolé symptomatique ou décompensé

  • Astigmatisme modéré

Les premiers symptômes de l’astigmatisme sont assez frustres, ce qui ne rend pas toujours son identification aisée. En cas de faible astigmatisme, une légère gêne visuelle, un inconfort, l’impression de fatiguer rapidement à la lecture ou de confondre les lettres peuvent en être les uniques manifestations. Les symptômes sont souvent accrus par le travail (concentration) et se manifestent également tout particulièrement en condition de faible luminosité. La nuit, les panneaux sont difficiles à lire, des halos peuvent être présents.

  • Astigmatisme important

Un astigmatisme plus important se manifestera quant à lui plus bruyamment. Les mêmes symptômes seront présents et bien souvent une baisse marquée de la vision de loin ET de près, ce qui est la caractéristique de l’astigmatisme.

Astigmatisme mixte

  • Astigmatisme myopique

Si, un œil astigmate (asphérique) est également de trop grande taille, l’astigmatisme peut s’associer à la myopie. On parle d’astigmatisme myopique. Dans ce cas, l’image se projettera comme chez tout myope en avant de la rétine, mais de façon plus ou moins prononcée selon le point de cornée traversé par la lumière. La gêne en vision de loin est alors au premier plan.

  • Astigmatisme hypermétropique

Si un œil astigmate (asphérique), est également de trop petite taille, l’astigmatisme peut alors s’associer à une hypermétropie. On parle d’astigmatisme hypermétropique. Dans ce cas, l’image se projettera comme chez tout hypermétrope en arrière de la rétine, mais de façon plus ou moins prononcée selon le point de cornée traversé par la lumière. La gêne en vision de près et la fatigue visuelle sont au premier plan.

  • Astigmatisme et presbytie

Avec l’âge, la perte de l’accommodation (capacité de l’œil à mettre au point comme un autofocus) est inéluctable. La presbytie s’associe alors aux amétropies déjà présentes. Astigmatisme isolé, myopique ou hypermétropique, l’acuité diminuera en vision de près.

L’astigmatisme protège-t-il de la presbytie ?

Il est intéressant de noter qu’il existe de très exceptionnels patients protégés de la presbytie… par leur astigmatisme ! Les patients présentant ainsi un astigmatisme régulier, inverse, modéré (autour d’une dioptrie) et bien toléré sont les seuls êtres humains à pouvoir se passer intégralement de lunettes tout au long de leur vie sans avoir recours à la chirurgie. Cela s’explique par le fait que l’astigmatisme donne une profondeur de champ.

Évolution de l’astigmatisme

L’astigmatisme est le plus souvent présent dès la naissance. On parle d’astigmatisme congénital. Un astigmate évolutif doit faire rechercher un kératocône.

Astigmatisme congénital

L’astigmatisme est le plus souvent présent dès la naissance. S’il est mis en évidence par l’ophtalmologiste, une surveillance sera instituée. L’indication d’une correction optique de l’astigmatisme repose avant tout sur sa tolérance. Une acuité visuelle dégradée, des céphalées ou des plaintes de l’enfant requérant une correction optique.

Astigmatisme de l’adulte

Les plus faibles astigmatismes deviennent symptomatiques en prenant de l’âge et sont découverts plus tardivement, bien que souvent présents dès l’enfance. Mal tolérés, ils requièrent une correction. L’apparition d’une myopie ou d’une hypermétropie peut également décompenser un astigmatisme bien toléré qui sera alors corrigé.

Modification d’un astigmatisme chez l’adulte

Une modification de l’astigmatisme chez l’adulte doit toujours faire rechercher un kératocône (cf chapitre suivant).

Complications de l’astigmatisme

Il existe principalement deux complications de l’astigmatisme. Chez l’enfant, il peut provoquer une amblyopie. Chez l’adulte il peut se confondre avec un kératocône.

Amblyopie

Comme toutes les amétropies, un astigmatisme important chez l’enfant non traité peut aboutir à une amblyopie. L’amblyopie est tout particulièrement à craindre si l’astigmatisme est asymétrique. En effet l’œil le moins atteint prend souvent le dessus sur l’autre, ce qui aboutit à un œil fainéant. Le traitement passe par le port d’une correction optique et la pénalisation de l’œil fort par un cache.

Malvoyance chez l’enfant

Attention ! Chez les enfants jeunes, tout signe de malvoyance tel que le strabisme (loucher), le mauvais suivi des objets ou tout simplement l’impression que votre enfant voir mal doivent impérativement conduire à une visite chez l’ophtalmologiste sans délai.

Kératocône et astigmatisme

Le kératocône est une maladie de l’œil dont la caractéristique principale est d’induire des astigmatismes rebelles et difficiles à traiter, dits « irréguliers ». Il s’agit plutôt d’un diagnostic différentiel que d’une complication véritable de l’astigmatisme. Tout astigmatisme évolutif ou anormalement important chez l’adulte doit faire rechercher un kératocône. Il s’agit le plus souvent d’une maladie de l’homme jeune favorisée par le frottement des yeux. C’est pourquoi on la retrouve fréquemment chez des patients allergiques. De mauvaises positions nocturnes appuyées sur les yeux peuvent également aggraver un kératocône. Le traitement consiste d’abord à supprimer les facteurs de progression : arrêter de se frotter les yeux ! Pour améliorer la vision, les lunettes ne suffisent souvent pas. Des lentilles rigides sont alors prescrites et pour les cas les plus avancés, une greffe lamellaire de cornée peut s’envisager.

Prévention du kératocône : attention au frottement des yeux

Le facteur de risque premier de développer un kératocône est le frottement des yeux, qui devrait être proscrit chez tout le monde. Il faut également éviter de dormir appuyé sur ses yeux.

Diagnostic et examens complémentaires

Le diagnostic de l’astigmatisme se confirme au cabinet de l’ophtalmologiste par la mesure de la réfraction objective et subjective, quelques fois complétée par la réalisation d’une topographie.

  • Mesure de la réfraction objective – Dans un premier temps, l’ophtalmologiste effectue une réfraction objective au moyen de l’autoréfractomètre… instrument fameux en raison des montgolfières qu’il faut observer au cours de son exécution. Cette étape permet une estimation de l’astigmatisme exprimée en dioptries et selon son axe. Cette étape permet également de rechercher une myopie ou une hypermétropie associée.
  • Réfraction subjective – Dans un deuxième temps, l’ophtalmologiste confirme la mesure obtenue en proposant différentes corrections au patient. Cette étape permet une confirmation du degré de l’astigmatisme et de son axe. Dans le même temps, l’ophtalmologue vérifie la valeur de l’acuité visuelle au moyen de la lecture sur l’échelle de Monnoyer en projetant des lettres sur un écran.
  • Topographie – En cas de doute, votre ophtalmologiste pratiquera une topographie cornéenne pour éliminer le diagnostic du kératocône. Il s’agit d’un examen de routine qui équipe la plupart des cabinets médicaux sans aucun risque pour votre œil. Le résultat de l’examen vous est donné immédiatement.
  • Examen sous cycloplégique – Dans certains cas, notamment chez l’enfant, un fond d’œil particulier peut être proposé pour confirmer l’astigmatisme et prescrire une correction optique adaptée. Il s’agit d’un examen sous cycloplégie qui neutralise la faculté de mise au point, importante chez les enfants. Cet examen permet en outre d’observer le fond d’œil. L’examen sous cycloplégie présente l’inconvénient de rendre la vision floue durant plusieurs heures ce qui peut empêcher le travail. Rarement, la pupille peut même rester dilatée plusieurs jours. Les collyres employés peuvent être le Skicaol (Cyclopentolate) ou l’atropine. Cette dernière rendant la vision floue plusieurs jours, elle est à réserver aux enfants.

Correction optique de l’astigmatisme

L’astigmatisme se corrige au moyen d’un équipement optique. Il peut s’agir de verres correcteurs, de lentilles souples ou rigides. Parvenu à l’âge adulte, en cas de correction stable et après avoir éliminé formellement un kératocône par une topographie, la chirurgie réfractive permet également de corriger l’astigmatisme.

Ordonnance de correction lunettes et lentilles - Formule
Lire et comprendre son ordonnance de verres correcteurs

Correction de l’astigmatisme par verres correcteurs cylindriques

L’astigmatisme se corrige en premier lieu au moyen de verres correcteurs dont le degré de correction se trouve sur l’ordonnance prescrite par votre ophtalmologiste. Il s’agit de la valeur entre parenthèses. Le nombre précédé du signe – indique la valeur de l’astigmatisme en dioptries (magnitude), le suivant son axe en degrés. Les verres corrigeant l’astigmatisme sont dits cylindriques, en raison de leur forme, leur axe étant fixé par celui de l’astigmatisme à corriger. Le cylindre s’intègre à la sphère des verres corrigeant une éventuelle myopie ou hypermétropie associée.

Qu’est-ce qu’une correction de repos dans le cas de l’astigmatisme ?

Le terme de verres de repos est employé pour désigner des corrections n’apportant pas de réel bénéfice sur la vision, mais utilisée pour soulager les autres symptômes d’un trouble de la vue. En cas de fatigabilité par exemple ou de céphalées sans baisse de vision véritable, une correction peut s’envisager pour reposer les yeux. Dans le cas d’un astigmatisme isolé, les verres seront portés dans les situations exigeant une concentration visuelle comme la lecture ou la conduite. S’il s’agit d’un astigmatisme hypermétropique, elles seront portées préférentiellement en vision de près. En cas d’astigmatisme myopique, le terme de correction de repos est impropre, puisque la vision est nécessairement abaissée.

Correction de la myopie par lentilles de contact toriques

Les lentilles de contact, souples ou rigides, permettent également une correction de la myopie. Les lentilles souples sont de loin les plus répandues, en raison de leur facilité d’utilisation mais le risque infectieux suppose une hygiène irréprochable. Elles sont dites toriques. Pour corriger les astigmatismes forts et complexes, y compris les kératocônes, les lentilles rigides sont une excellente alternative.

Faut-il porter des filtres bleus si l’on est astigmate ?

Les filtres anti-lumière bleue sont une option de verres correcteurs s’associant à la correction optique pour réduire la quantité de lumière bleue, émise par les écrans modernes, parvenant à l’œil. Dans le cas de verres destinés à être portés majoritairement devant un écran, pour les corrections de repos en particulier, les filtres bleus peuvent être intéressants. Dans les autres situations, il faut garder en tête que les filtres bleus jaunissent légèrement l’image (couleur complémentaire du bleu) ce qui peut être inconfortable dans la vie de tous les jours.

Opération de l’astigmatisme

Pour les patients adultes d’un âge supérieur à 20 ans, présentant un astigmatisme stable depuis 3 ans au minimum, la chirurgie peut s’envisager. Au cours du bilan pré opératoire, une topographie cornéenne sera réalisée pour évaluer l’épaisseur et la régularité de la cornée, éléments indispensables pour s’assurer de l’éligibilité à la chirurgie et orienter vers l’une ou l’autre des méthodes. Dans le cas d’un kératocône, même frustre, la chirurgie est absolument contre-indiquée.

  • Les opérations au laser sont les méthodes de choix. Il pourra s’agir du LASIK pour éviter toute douleur et qui permet de corriger des astigmatismes élevés. Une PKR classique ou transépithéliale sera préférée en cas de cornée trop fine et dans la mesure d’un astigmatisme raisonnable. Certains chirurgiens proposent également une alternative au LASIK nommée RELEX / SMILE.

  • En cas d’inéligibilité aux chirurgies laser et d’astigmatisme très invalidant, la pose d’implants intraoculaires (ICL/IPCL) peut exceptionnellement s’envisager. Les risques sont néanmoins bien supérieurs à ceux encourus au cours d’une intervention au laser et seuls des patients motivés et bien informés sont candidats à cette chirurgie qui nécessite une compréhension parfaite de l’acte.

Questions fréquentes

L’astigmatisme est causé par une forme anormale de l’œil, qui n’est pas rond mais ovale, ce qui provoque une déformation des images. Selon que la lumière entre par la partie supérieure ou inférieure de l’ovale (ou latéralement dans certains cas), elle suivra un trajet différent avant de se projeter sur la rétine, l’écran de l’œil.

L’astigmatisme est un défaut visuel, qui rend floue la vision de loin et de près. Cette situation est causée par une forme anormale de l’œil, et concerne 3/4 de la population.

Les gens qui sont astigmates voient flou. En effet, la réfraction de l’œil astigmate est faussée et les images sont déformées par une forme anormale de l’œil, qui est ovale et pas rond.

L’astigmatisme est héréditaire, et on a plus de chances d’être astigmates si nos propres parents le sont. Par ailleurs, les allergies, et le frottement régulier de l’œil, semblent aussi causer des formes d’astigmatisme.

Les symptômes de l’astigmatisme sont une légère gêne visuelle, un inconfort, une fatigue rapide quand on lit ou l’impression de confondre des lettres. Les symptômes sont accrus par la concentration et se manifestent également tout particulièrement dans l’obscurité. La nuit, les panneaux sont difficiles à lire, des halos peuvent être présents.

L’astigmatisme se corrige principalement grâce à des lunettes ou des lentilles. Si l’astigmatisme est faible, des lunettes de repos peuvent aider. Une fois adulte, et avec une vision stabilisée, il est possible de se faire opérer d’une chirurgie réfractive.

Si vous avez plus de 20 ans, et que votre vision est stable depuis au moins 3 ans, vous pourrez envisager de vous faire opérer. Il faudra d’abord réaliser un examen pré-opératoire avec un ophtalmologue, notamment pour faire un bilan et une cartographie de votre cornée.

Oui, il est possible d’avoir un autre défaut de vision en plus de l’astigmatisme. Dans ces cas les symptômes de l’astigmatisme sont plus importants, et la compensation est d’autant plus difficile.

Et bien non…. Astigmate s’écrit bien avec un i. Ça fait moins savant que « astygmate », mais pourtant c’est bien un terme issu du mot grec : « stigma », qui signifie « point », précédé du préfixe privatif « a-« . C’est la même racine que les mots « stigmates » ou « stigmatiser ».

Dr Romain Jaillant

Auteur

Dr Romain Jaillant

Ophtalmologiste à Paris, le Dr Jaillant est spécialiste des interventions de cataracte, rétine et de chirurgie réfractive. Il exerce au Centre Ophtalmologique Paris 17 - SOS Oeil.
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4 commentaires

  1. Bonjour Docteur,
    Faut-il corriger l’astigmatisme cornéen ou l’astigmatisme trouvé lors d’une visite de contrôle chez l’ophtalmologue.
    Je vous pose la question parce que pour ma part il y une différence de 0.75.
    Merci pour votre article.
    Cordialement

    1. Bonjour,
      Il faut corriger l’astigmatisme avec lequel vous êtes confortable dans les lunettes d’essai.
      L’astigmatisme « théorique » n’a qu’une valeur d’orientation, mais en général il n’est pas corrigé en intégralité.
      Quant à l’astigmatisme cornéen, c’est encore une autre question qui n’intervient pas ici, car la correction portée s’interesse à l’astigmatisme global de l’oeil et non pas seulement à ‘astigmatisme cornéen.
      En espérant avoir répondu à vos questions.

  2. Bonjour je suis très myope et astigmate (environ -13) j’ai 39 ans et m’on astigmatisme baisse encore
    Quels sont les causes possible ?ma maman est comme moi merci

    1. Bonjour,
      Un astigmatisme évolutif peut être lié à plusieurs facteurs :
      – Un bombement évolutif de la cornée, type kératocône
      – Une adaptation progressive à la correction de l’astigmatisme (sa correction apporte du contraste mais parfois de l’inconfort).

      Le mieux est de réaliser une topographie, et surtout de poser la question à votre ophtalmologue.
      Bien cordialement

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