La prothèse oculaire ou « œil de verre »
Une prothèse oculaire, anciennement œil de verre, est une prothèse en résine biocompatible ayant vocation à redonner au regard un aspect esthétique. Sont concernées les personnes ayant subi une ablation de l’œil (tumeur, glaucome douloureux etc…) ou ayant un œil non fonctionnel disgracieux (traumatisme, brûlure, infection). Elle est fabriquée sur mesure par l’oculariste, qui prend en charge, adapte et réalise lui-même la prothèse. La prothèse, n’est pas sphérique, mais de même forme qu’une lentille très épaisse et se pose au contact de l’œil atrophié.
La prothèse oculaire en bref
- Indications : Oeil perdu (traumatisme, infection, décollement de rétine…)
- Nombre de porteurs : Estimé à 150.000 personnes en France
- Forme : La prothèse n’est pas sphérique, mais de même forme qu’une lentille très épaisse
- Site de pose : La prothèse est posée sur l’œil atrophié
- Matériaux : PMMA (iris) + résine biocompatible (support) peints de pigments naturels
- Confection : 1. Empreinte 2. Prothèse provisoire puis définitive 3. Polissage
- Professionnel impliqué : Prothésiste oculaire
- Complications possibles : Sécrétions, douleurs, infections traitées par collyres
- Prise en charge : 100% sécurité sociale
« L’œil de verre » à travers l’histoire
- L’œil de verre – Depuis l’antiquité, perdre un œil est perçu comme un handicap, physique mais aussi sociale. L’Homme a toujours cherché à cacher ce handicap en fabriquant des prothèses. Jusqu’aux années 1970, les prothèses étaient en verre, d’où le nom encore courant « d’œil de verre ». Mais, le verre est fragile, lourd et poreux, et les prothèses nécessitaient un entretien quotidien pour éviter l’opacification.
- L’œil de PMMA – Les années 1970 voient le développement du PMMA (Poly-Méthyl-MétAcrylate), aussi appelé « Plexiglass », pour les implants de cataracte, les lentilles de contact ou encore les prothèses oculaires. Très résistant, beaucoup plus léger ce matériau est surtout totalement biocompatible. Aucun phénomène de rejet n’a été publié au monde !
Vivre avec une prothèse
Mis à part l’instillation de sérum physiologique pour rincer, surtout le matin, les prothèses oculaires ne requièrent plus d’être manipulées quotidiennement. Le porteur dort avec, mange avec, se lave avec sa prothèse. Il peut travailler, se baigner, voyager, faire du sport etc… il peut vivre tout à fait normalement.
Qui peut porter une prothèse ?
Il existe essentiellement deux types de prothèses :
- Le verre scléral ou prothèse dite « de recouvrement ». Il s’agit d’une prothèse fine, comme une grande lentille de contact, qui a vocation à recouvrir l’œil abîmé et sans vision suite à un traumatisme, une infection, un glaucome non traité ou encore des décollements de rétine non opérés à temps… L’œil a alors tendance à s’atrophier et à blanchir. En plus de ne plus voir il devient inesthétique. Le verre scléral permet de cacher cet œil disgracieux.
- La prothèse oculaire après chirurgie d’ablation de l’œil. Il arrive encore de devoir retirer l’œil chirurgicalement, notamment en cas de tumeur oculaire, de douleurs permanentes ou chroniques, suite à un traumatisme ou une maladie de l’œil, ne pouvant être soulagées par des médicaments ou des collyres. La chirurgie consiste alors à désensibiliser l’œil et à poser un implant en forme de bille. La prothèse viendra ensuite recouvrir cet implant.
150 000 porteurs en France
Dans tous les cas, l’oculariste adaptera la prothèse en « recopiant » l’autre œil le plus à l’identique possible. Selon les chiffres de la sécurité sociale qui prend en charge et rembourse ces prothèses, il y aurait environ 150.000 porteurs de prothèses oculaires en France. Nous en avons donc tous forcément croisé, mais si l’adaptation est réussie, nous n’avons rien vu !
Les étapes de fabrication
L’adaptation et la fabrication de la prothèse oculaire sont réalisées par un des 48 ocularistes (en 2017) agréé par la sécurité sociale selon l’article L.165-1 du code de la SS.
La prothèse étant fabriquée sur mesure, il est donc nécessaire de réaliser ces mesures sur 3 consultations successives :
1er rendez-vous : l’empreinte de la cavité ou du globe oculaire
L’empreinte permet de déterminer :
- La profondeur des culs-de-sac formés par la peau de l’œil que l’on appelle la conjonctive. Ceci détermine les contours de la future prothèse.
- La courbe de l’œil ou de l’implant sur lesquels on va donc adapter la prothèse.
L’oculariste profite de ce rendez-vous pour prendre les mesures de l’œil à « recopier » : couleur et taille de l’iris, couleur du « blanc de l’œil », aspect et densité des vaisseaux sanguins.
2ème rendez-vous : Réglages de la forme
Sur la base de l’empreinte, l’oculariste fabrique une « forme blanche », c’est-à-dire une prothèse toute blanche, à laquelle il donne un certain volume et une certaine courbe pour essayer d’obtenir une ouverture des paupières la plus symétrique possible par rapport à l’autre œil.
Le second rendez-vous consiste à adapter cette forme en essayant sur le patient. Une fois ce réglage réalisé, l’oculariste prend ses repères pour le centrage. On obtient alors le prototype de la future prothèse.
Fabrication de la prothèse
- L’oculariste coule le prototype dans un moule en plâtre et c’est dans ce moule, qu’il va réaliser la future prothèse.
- Puis il peint l’iris sur une capsule de la bonne taille.
- Il intègre ensuite cette peinture dans la résine qu’il met à cuir à 100°C sous 6 bars de pression pendant 1 heure.
- Vient ensuite le « maquillage » de la prothèse avec le dessin des vaisseaux.
- Et c’est ainsi que, du prototype, on obtient la prothèse.
3ème rendez-vous pose de la prothèse
Ce dernier est l’aboutissement de tout ce travail avec la pose de la prothèse et vérification, à la fois du confort, et du résultat esthétique.
Fabrication d’une prothèse
en image
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Le prothésiste prend l’empreinte de la cavité dans laquelle se logera la prothèse.
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L’aspect détaillé de l’œil est consigné au moyen d’une imagerie. Des mesures et des notes sont également prises pour reproduire l’œil à l’identique.
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La forme blanche est un prototype de la prothèse pour s’assurer de sa bonne adaptation.
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La première étape du modèle définitif débute par la peinture manuelle d’une « capsule-type » sur laquelle viendra s’agencer le reste de la prothèse.
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La capsule peinte est intégrée à une résine qui est modelée et cuite à 100°.
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La résine est peinte, notamment les vaisseaux, pour donner au blanc (conjonctive) son aspect définitif.
Prothèse provisoire et prothèse définitive
Il faut un certain temps pour s’adapter à la nouvelle prothèse. La cavité va se faire à la prothèse et la prothèse va se positionner. Il en résulte que cette première prothèse, dite provisoire, ne donne plus tout à fait le même résultat esthétique qu’initialement. Il est alors convenu avec l’oculariste d’un rendez-vous pour recommencer les mêmes étapes mais cette fois-ci pour la prothèse dite définitive, au bout de trois mois en moyenne.
Suivi et renouvellement
Comme évoqué précédemment il est conseillé de ne pas manipuler soi-même la prothèse et de vivre tout à fait normalement. Il est important de prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger l’autre œil, notamment en cas d’activités à risques (bricolage, jardinage, etc…) et d’avoir un suivi ophtalmologique régulier de celui-ci. Vivre normalement avec un seul œil est tout à fait possible, mais aveugle, c’est-à-dire sans aucun œil fonctionnel, l’adaptation est beaucoup plus compliquée.
Il est généralement conseillé de réaliser un nettoyage de la prothèse chez l’oculariste tous les 6 à 12 mois, ce qui permet également un contrôle de la cavité ou de l’œil derrière la prothèse.
En cas de modifications anatomiques, de détérioration du matériau, la prothèse peut être renouvelée, si nécessaire, au bout de 6 ans.
Questions fréquentes
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Une prothèse oculaire permet de rendre un aspect esthétique aux personnes ayant perdu un œil, ou ayant un œil non fonctionnel.
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Le prix d’un œil de verre peut varier selon qu’il est provisoire ou définitif, avec prise d’empreinte ou pas. Cependant toute prothèse oculaire est prise en charge à 100%.
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Une prothèse oculaire demande toujours un temps d’adaptation. Il faut se faire à la prothèse, et la prothèse doit se faire à l’œil, se positionner. Mis à part le temps d’adaptation, certaines personnes peuvent avoir des complications, telles que des sécrétions ou des douleurs.
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Les prothèses oculaires, ou « œil de verre », ne sont plus en verre depuis les années 70. Désormais, le PMMA, aussi appelé « plexiglas », est le matériau utilisé pour fabriquer les prothèses oculaires.
Sources
- Légifrance – Article L.165-1
- Durand Ocularistes – Prothèses oculaires
4 commentaires
Bonjour,
Est-il possible de voir à travers une prothèse de recouvrement lorsque l’on a un oeil qui arrive encore à voir un peu ?
Merci beaucoup
Bonjour,
Non les prothèses de recouvrement sont opaques, elles obstruent donc la vision.
Cordialement
Bonjour, j’ai une prothèse depuis l’âge de De 15ans que je change tout les 5 ans et je vois l’oculiste pour l’entretien. Mais depuis quelques temps j’ai l’œil qui se ferme ça me fait un œil bien plus petit que l’autre, jusqu’à quelques temps ça aller mais maintenant ça m’empêche de bien le vivre, j’en ai parler à mon médecin il pense que je n’ai plus assez de gras trop de profondeur ( l’âge ) pouvez me conseiller svp merci
Bonjour,
Votre chirurgien à raison, il semble s’agir d’une atrophie de la graisse orbitaire. En l’absence de gène, ne rien faire. Si une gène esthétique s’installe, un lipofilling orbitaire pourra être proposé.
Cordialement