La cycloplégie est un examen qui permet une mesure exacte de la réfraction. Elle est incontournable pour déterminer la valeur précise d’une myopie, hypermétropie, astigmatisme ou presbytie d’un œil. La cycloplégie est obtenue par un relâchement total de la capacité de « mise au point » (autofocus) de l’œil, dite accommodation. Elle est permise par les collyres cycloplégiques (Skiacol®, Atropine) dont les effets associent une dilation de la pupille ce qui permet la réalisation d’un fond d’œil. L’examen sous cycloplégie est indispensable pour les enfants en bas âge et dans certaines situations chez l’adulte, notamment en vue d’une chirurgie réfractive.

vue cycloplegie trouble flou vidéo
La cycloplégie empêche la mise au point

La cycloplégie en bref

  • Objectif : mesurer la correction optique exacte d’un œil
  • Effet recherché : empêcher la mise au point (accommodation)
  • Indications : strabisme, amblyopie, chirurgie réfractive, bilan ophtalmologique.
  • Effet associé : dilatation des pupilles (mydriase)
  • Examen associé fréquent : fond d’œil possible en raison de la dilatation des pupilles
  • Effets indésirables : vision floue, pupille dilatée, photophobie (éblouissements)
  • Durée des effets secondaires : quelques heures (Skiacol) à plusieurs jours (Atropine)
  • Précautions : lunettes de soleil, organisation du travail, pas de conduite, accompagnement
  • Contre-indications : épilepsie (Skiacol), pathologie cardiaque (Atropine)
  • Danger : tenir hors de portée des enfants

La cycloplégie : qu’est-ce que c’est ?

La cycloplégie est un examen qui empêche la mise au point de l’œil (autofocus) en provoquant une paralysie temporaire de l’accommodation. L’objectif est d’obtenir des mesures de correction (réfraction) fiables et objectives. Chez l’enfant en bas âge, cet examen est indispensable pour une première prescription de correction optique.

La cycloplégie est obtenue à l’aide de collyres (gouttes). Les deux médicaments les plus utilisés sont l’atropine et le cyclopentolate.

collyres flacons
Skiacol et Atropine sont utilisés pour la cycloplégie

Les collyres cycloplégiques

  • L’atropine est le seul collyre utilisable avant l’âge de 1 an. Ce médicament nécessite une administration deux fois par jour, à débuter plusieurs jours avant la consultation (3 à 5 jours). La vision est floue durant plusieurs jours.
  • Le cyclopentolate, commercialisé sous le nom de Skiacol®, a une action plus rapide, permettant la réalisation des mesures le jour même. La vision est floue pendant une journée.

Pourquoi paralyser l’accommodation ?

L’œil est doté de la faculté de mettre au point l’image observée comme un autofocus. Cette capacité s’appelle l’accommodation. Elle met en jeu la contraction du muscle ciliaire, permettant au cristallin de changer de forme et de focaliser l’image sur la rétine quelle que soit sa distance.

Maximal chez l’enfant puis s’affaiblissant jusqu’à la presbytie, ce phénomène peut induire un biais lors des examens standards de la vision. Pour obtenir des mesures de réfraction fiables, la cycloplégie est incontournable.

rétine fond d'œil
Le cristallin est responsable de l’accommodation.

Préparer un examen sous cycloplégie

  • Verres solaires – Du fait de la dilatation, l’œil est très sujet à l’éblouissement. Il convient de s’équiper de verres solaires.
  • Aménagement professionnel – Du fait de la cycloplégie, la vision est trouble et la vision de près souvent perturbée. Les activités professionnelles doivent être aménagées en conséquence.
  • Conduite et accompagnement – La conduite n’est pas possible et un accompagnement est recommandé.
  • Durée sur place – La durée sur place peut être réduite en administrant les collyres avant la consultation. Demandez conseil à votre médecin.

Cycloplégie, dilatation et fond l’œil

Les collyres utilisés pour obtenir la cycloplégie partagent une seconde action qui est de dilater la pupille (effet mydriatique), ce qui permet de profiter des examens sous cycloplégie pour réaliser un examen du fond de l’œil. Il est indispensable en cas de strabisme, d’amblyopie ou de bilan pré-opératoire de chirurgie réfractive.

L’examen du fond de l’œil s’effectue généralement au moyen de deux autres collyres : le Mydriaticum et la néosynéphrine, dont les effets sur la dilatation pupillaire durent moins longtemps.

Qu’est-ce qu’un fond d’œil ?

Le fond d’œil est l’examen qui consiste à observer la rétine à travers la pupille, lorsqu’elle est dilatée. 4 produits permettent cet examen, le skiacol et l’atropine associant à la dilation un effet cycloplégique majeur.

  • Mydriaticum : dilatation quelques heures, cycloplégie faible (fond d’œil uniquement)
  • Néosynéphrine : dilatation quelques heures, cycloplégie faible (fond d’œil uniquement)
  • Skiacol : dilatation et vision floue 12 à 36 heures, cycloplégie forte (enfants et adultes)
  • Atropine : dilatation et vision floue 7 à 10 jours, cycloplégie très forte (enfants en bas âge)

Cycloplégie chez l’enfant

La cycloplégie est un examen ophtalmologique incontournable de l’enfant. Jusqu’à l’âge de un à deux ans, elle s’effectue préférentiellement par atropine. À partir de l’âge de deux ans, le Skiacol est souvent préféré.

  • Âge préverbal (avant 2 ans) – L’ophtalmologiste ne peut se fier qu’aux mesures du « réfractomètre automatique ». La cycloplégie est nécessaire pour obtenir de bonnes mesures, et d’assurer la prescription d’une correction optique adaptée si nécessaire.
  • Enfants n’ayant jamais porté de correction – Les enfants et adolescents ont un pouvoir d’accommodation très fort. S’ils se plaignent d’une mauvaise vision, l’examen sous cycloplégique sera plus fiable que les examens standards.
  • Amblyopie, strabisme et autres pathologies visuelles – En cas d’anomalie visuelle chez les enfants, la correction optique totale sera la règle, afin de favoriser le développement visuel. La cycloplégie est incontournable.

Cycloplégie chez l’adulte

La cycloplégie est plus rare chez l’adulte dont les capacités accommodatives sont réduites. Toute situation requérant une mesure exacte de la vision passera néanmoins par un examen sous cycloplégie. Voici quelques exemples :

  • Inconfort récurrent – Les patients myopes, astigmates ou hypermétropes présentant des céphalées, ou ayant des difficultés à s’adapter à leurs lunettes, peuvent bénéficier d’un examen sous cycloplégie. Cette étape leur permettra de connaître leur correction exacte une fois pour toutes.
  • Bilan pré-opératoire de chirurgie – Les patients éligibles à une chirurgie réfractive doivent connaître leur correction exacte pour obtenir une correction définitive exacte.
  • Strabisme – Les patients présentant un strabisme, pouvant être aggravé par les efforts accommodatifs, doivent bénéficier d’une correction optique adaptée permettant de supprimer ces efforts inutiles.
  • Chalazions à répétition – Les patients souffrant de chalazions à répétition peuvent bénéficier d’une cycloplégie pour rechercher un spasme accommodatif parfois responsable des chalazions.

D’authentiques fausses myopies

Certains patients adultes inconfortables avec leur correction se voient diagnostiquer d’authentiques fausses myopies, parfois corrigées depuis des années. Il s’agit d’un « piège » fréquent lié à une accomodation excessive, qui peut être décelé par une mesure sous cycloplégie.

Effets secondaires et contre-indications

Les effets secondaires inévitables liés à la cycloplégie sont la paralysie de l’accommodation et la dilatation pupillaire. En pratique, ces effets secondaires sont brefs avec le cyclopentolate (Skiacol) : inférieurs à 24 heures. En revanche, l’Atropine à un effet persistant de 5 à 10 jours après l’arrêt du traitement.

  • L’atropine est contre-indiquée en cas de pathologies cardiaques et d’intolérance connue. Des incidents bénins sont fréquemment rapportés : rougeur du visage, fièvre et troubles digestifs. La compression des méats lacrymaux pendant l’instillation des gouttes permet de réduire la fréquence de ces incidents.
  • Le cyclopentolate n’est pas recommandé en cas d’antécédent d’épilepsie et avant l’âge de 1 an. Parfois, une somnolence peut être rapportée en lien avec son utilisation.

À noter que certains patients sont non répondeurs à ce produit, notamment chez les patients mélanodermes ou lorsque l’iris est très foncé.

Attention

Le risque majeur lié à l’utilisation de l’atropine est son ingestion accidentelle, pouvant entraîner une tachycardie létale. Il est donc indispensable que le produit soit conservé hors de portée des enfants.

Questions fréquentes

Après instillation de 3 gouttes en l’espace de 10 à 15 minutes, le Skiacol induit une paralysie de l’accommodation après 45 à 90 minutes. Les pupilles seront dilatées, exacerbant la sensibilité à la lumière, et la vision sera floue pendant 12 à 36 heures. Certains patients signalent aussi une somnolence.

Le Skiacol induit une paralysie de l’accommodation après 45 à 90 minutes. Les pupilles seront dilatées, exacerbant la sensibilité à la lumière, et la vision sera floue pendant 12 à 36 heures.

Le Skiacol est contre-indiqué avant 1 an, et non recommandé chez les patients aux antécédents de crises convulsives ou épilepsie. En cas d’allaitement, il vaut mieux suspendre l’allaitement pour 48 heures, ou différer l’instillation du collyre.

En cas de grossesse, il est conseillé de bien nettoyer l’excès de gouttes 1 minute après instillation afin de limiter le passage de produit dans la circulation générale.

Après instillation de 2 gouttes par jour pendant 3 à 5 jours, l’Atropine induit une paralysie de l’accommodation. Les pupilles seront dilatées, exacerbant la sensibilité à la lumière, et la vision sera floue pendant 5 à 10 jours.

L’atropine est contre-indiquée en cas de pathologies cardiaques et d’intolérance connue. Des incidents bénins sont fréquemment rapportés : rougeur du visage, fièvre et troubles digestifs.

Cependant le risque majeur lié à l’utilisation de l’atropine est son ingestion accidentelle, pouvant entraîner une tachycardie létale. Il est donc indispensable que le produit soit conservé hors de portée des enfants.

L’effet mydriatique (dilatation de la pupille) dure 12 à 36 heures avec le Skiacol, et 7 à 10 jours avec l’Atropine.

Sources

Dr Margot Denier

Auteur

Dr Margot Denier

Le Dr Margot Denier est ophtalmologue, formée à Paris et spécialiste de l'ophtalmologie pédiatrique. Elle pratique la chirurgie de la cataracte, du strabisme et les interventions de chirurgie ophtalmologique pédiatrique spécialisées (glaucome et cataracte congénitaux en particulier)
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